figure libre 4

Un train silencieux fait grincer ses freins au bord du quai, il grimpe dans le long tube d’acier, jette un dernier regard à l’homme emmitouflé de polymère bariolé. Chercher sa place si possible côté fenêtre, il aime être assis dans le sens de la marche coté droit. Son wagon sent une drôle d’odeur de goudron et de sueur mêlées. Vaste espace dynamique où tout concours a la vitesse, lignes épurées graphisme horizontal répétition des signes couleurs assortie au ciel gris ! Il est aspiré par le vide, le tube se déforme, se déplace à la vitesse de la lumière, collé à son siège, derrière le verre épais du hublot étanche, des gouttent d’une pluie grasse glissent à l’horizontal, ses yeux se posent sur la voie parallèle, trait d’acier finement poli par le frottement des boggies. Il est ce trait parfaitement rectiligne entre deux points qui s’étire, la vitesse comme raccourcie entre deux temps parallèle, ubiquiste il est de tous ces lieux. Ce temps a sa musique, binaire répétitive et étouffée, cris feutrée dans le vide. Le train un instant est suspendu au vide il passe sur un pont, structure en béton fluide, arcs tendus entre deux rives, deux mondes. Le fleuve est large vif bouillonnant, il rappelle à l’homme la force de la nature, un instant le maître du temps sur son trait sidéral croise l’immuable de l’élément liquide, matrice de toutes vies. Un point une intersection sur une carte, des coordonnés dans l'espace. Son regard croise des yeux noirs. Elle ressemblait à Audrey Hepburn  , un visage doux, des yeux en amandes, une bouche étirée, une bouche pour sourire et rire a la vie, des pommettes saillantes, ses cheveux longs bouclés soyeux et souple encadrait un visage de madone italienne énigmatique et rare. Sa robe de coton gris large, haut plissé, laissait deviner des seins lourds majestueux et des hanches de reine, des jambes élancées gainées de cuir sur des bottines d’homme, elle a moins de vingt ans libre et légère … Elle est descendue a Avignon, je l’ai longtemps suivi des yeux, au bout du quai, elle a disparu avalée par l’escalier mécanique.

figure libre 3

Il pleut des cordes les caniveaux débordent, de rares voitures éclairent d’une lueur acide l’asphalte gris.
Emmitouflé dans son trench, il a quitté la rue traversé la grand place est entré dans la gare, son grand parapluie noir au manche d’ivoire fermé. Il s’assied sur ce banc ancré solidement au béton, banc d’acier et fonte mêlé. La haut très haut la verrière assemblage de métal de verre et de poussière. Plus bas les luminaires vasque évasées à la finition émaillées suspendu a un fil, l’éclairage est violent technique scyalitique de bloc opératoire. Le teint blafard et les ombres écrasées. Les luminaires se balancent au gré des courants d'air. un chuintement continu celui des ampoules électrise l'air il se perd dans l'espace vide .
À ses pieds imperceptiblement l’eau accumulée se repends, comme une épaisse coulée d’argent. Son trench son pantalon ses chaussures richelieu à bout fleuri tout cela suinte l’orage tropical. À sa gauche le guichet dans l’axe, l’accès au train. Un groupe de femme dans un silence religieux glisse vers les quais. Sur l’autre banc a sa droite dans la diagonale du guichet un homme hirsute à la barbe naissante emmitouflé de sacs plastiques somnole les yeux ouverts, le chien aussi me regarde. Regard en biais, surtout ne pas bouger et ignorer l'evidence pense l'homme. le grincement d’une porte mal huilée efface un instant ce triangle parfait. À l’horloge du guichet, il est vingt heure vingt, ce soir encore il se passera du bruit du monde . Il bouge une main se penche en avant promptement se lève et cours vers son destin.

figure libre 2

La mer gronde et crache son écume blanche sur cette plage immense l'homme est inquiet.
L’air est moite et son ciré jaune transpire dans ce matin brumeux
Il va, il vient ... repasse sur les traces de cette femme qui marchait à reculons
le talon fut léger et se perd sur le sable sec. La brise qui souffle en rafale à effacé la trace.
il est là, a l'intersection exact de cette hyperbole complexe. Mélancolie latente.
Un pécheur au loin à jeté sa ligne. Longue canne blanche dressait comme une sagaie dans ce matin épais.
L’air est lourd, un chien étouffe une plainte.
Le ciel gris la mer blanche l'homme en jaune s’éloigne enfin.
Le chien apparaît, fier carnassier la truffe noire les sens aux aguets
Il trottine à la limite humide de la marée montante.
L’homme en jaune s’arrête
Le chien s’arrête.
Le pécheur tend sa canne.
Le bruit du moteur est distinct
ronronnement familier d’un moteur bien huilé puis plus rien … Une portière claque !
Un éclair de soleil glisse sous les nuages
L’homme en jaune court sur la dune
Le fil se tend la canne se courbe
Le chien grogne poils hérissé applati sur le sol
Un eclair d’argent glisse sur le sable
deux portiéres claquent le bruit du moteur s’éloigne sous un soleil laiteux

figure libre 01

Sur le bord de la plage, la mer s’est retirée, doucement laissant des filets étincelants sous la lune,
sillons éphémères gorgés d’iode, tentacules esseulés sans vie … De son rocher humide, il s’est enfin levé
a marché jusqu’au phare laissant dans le sable la trace de ses pas lourds.
Il a longtemps suivi la grève entre bruyères et dunes . A l’autre bout très loin une ombre éclairée subrepticement par l’éclat intermittent du phare, entre cette ombre et lui une femme immobile scrutant l’horizon.
L’ombre se rapproche, lui s'éloignant de la femme oblique à travers dune, la femme bouge allonge son bras en direction de l’ombre, recule étouffe un cri qui se perd dans la brume …
L’alignement parfait se défait, la figure se déforme. Un triangle acère apparaît.
l’homme s’arrête au pied phare tapote sa poche en sort un paquet souple en éructe une clop à bout filtre
doucement son bras se tend vers sa bouche, le filtre effleure ses lèvres doucement, roule d’une commissure à l’autre,
il craque une allumette le souffre s’enflamme éclaire un visage au teint clair un visage doux lisse calme serein .
éclat dans la nuit .
l’ombre s’éloigne le triangle se referme le trait s’étire se tend vers l’horizon qui s’éveil.

de l'eau sous la coque

Je rêve éveillé sous mes draps fatigués
Ma couette bleu azur devient mer d’Iroise
Cap au sud dans le tonnerre qui gronde
La proue du navire s’enfonce dans les vagues
Je me sens océane liquide répandu à tes pieds
J ai longé l’Espagne…Plus loin émergeant de la brume
Les toits blancs longtemps espérés de Tanger.
À la barre de mon cotre qui craque sous le vent
Je me sens siroco souffle chaud effleurant tes cheveux
J ai hissé la grand voile , lancé foc et génois .

Je suis ton capitaine hirsute et fou d amour
Je t aime d’amour je t aime toujours

Le vent a forci les voiles trop tendus , j ai pris deux ris .
Les vagues sont blanches et se brise sur la proue
La houle par travers , le plat-bord sous l eau
L’écume salée me brûle les yeux .
Regarder plus loin vers les cieux
Mais où est donc la terre … Le port promis El Jadida !
La belle citadelle le bruissement des femmes
Voiles, rires sensuel et autres falbalas
Et toi mon île ou est tu ?
J attends ton signal un éclat dans la nuit
Un palmier comme amer une plage dorée
Un minaret dressé
Un signe de la tête.
Et toi où en est tu … mains fatiguées
Par le chanvre épais d’avoir tant bordées
Le dos courbé par le poids des années
Les yeux bleus délavés
Toujours prêt à rêver

Je suis ton flibustier commandant au long cours
Je t'aime d amour je t aime toujours

Il me manquera la mer les vagues sur la plage
Le ressac sans cesse... le crissement des mouettes
Le plaisir d’être à quai … de lâcher les amarres
Les poissons hors de l eau... la magie de l’étale
Ces crabes à mes pieds et de l’eau sous la cale
Et le vent, le vent qui cré tous mouvements
Le vent qui coure sur ta peau sur ton ventre dénudé
Et ce soleil qui brûle… déjouant tous les sens
Tu me prends dans tes mains… il est bientôt midi
Tu grignotes mon frein me laboure les reins
Le soleil se couche et j’étouffe tes cris
Je tangue sous toi et je m’apaise enfin
Je bois toutes les eaux salées , avale les océans
Liquide amiotique , il me pousse des branchies
Des écailles …je suis un poisson gras
Je nage dans l’écume et retourne chez moi .

Je suis ton amant celui du point du jour
Je t'aime d amour je t aime toujours