matin

Le vent arrive du Nord régulier et constant
il balaye doucement la médina poussiéreuse et blanche d’azemmour
il fait doux en ce matin d’août
les maleems dorment encore et le chantier dans un joyeux désordre laisse apparaître les taches arrêtées la veille
les outils à l’arrêt sont les traces du labeur à reprendre
ici le temps est lent
matin blanc
comme si le blanc
était la couleur du lent
matin lent
je n'ose a peine réveiller le temps

Figure libre 8

Quand les ressources sont rares, le conflit n’est jamais loin !
Avant ils se battaient pour l’eau le sel les diamants l’or ou le pétrole
Ils savaient pourquoi les querelles naissaient.
Mais cette terre de Judée et autre Palestine
Cette terre sacrée serait elle devenue aride de spiritualité ...
Ces gens là monsieur ne croient plus en rien
Même pas à la destinée divine ou la colère des dieux !
Ces gens là monsieur ne possèdent rien mais personne ne les possède et croyez- moi ils marcheront sur l'eau à nouveau !
Monsieur, mais que fait Abraham, la tête à Médine et le pieds à la Mecque ? Monsieur ecoutez moi !

Figure libre 7

Il en rêve encore les yeux mi-clos de cette femme aux seins maternels et aux fesses callipyges. Ce matin, il s’est levé de très bonne heure juste après le premier appel du muezzin. Des ablutions rapides un thé vert très sucré quelques galettes de blés gris, il met les choses en ordre sur l’autel de sa vie. Baise la photo de sa mère relit une dernière fois la sourate de la vache et rêve en silence aux vierges promises les yeux tournés vers l’Est
Prendre l’escalier étroit, se baisser sous la porte basse et sortir dans le matin naissant. Il longe les murs des ruelles étroites de la vielle médina sort par la porte du Merzen déjà inondée de soleil. Le grand taxi l’attend Mercedes déglinguée d’avoir trop roulée sur des pistes défoncées. Il a les yeux ailleurs il voit sans regarder sans parler sans entendre, il a tout appris par cœur a regardé cent fois avec ses frères la vidéo du passage au check point puis la route asphaltée cernée de barbelée les collines de Jérusalem la médina qui décent en dédale coloré vers l’esplanade du rocher …

Éternel et divin … Qui sème le désir récolte l’oppression …
Il est au-dessus du mur le regard fier de celui qui n’a rien, que son cœur à offrir…
Éternel et divin … La colère de ceux qui non plus rien
Ses cheveux d’ange brillent dans le ciel bleu
Éternel et divin … Ceux qui ne croient plus au lendemain

Sa poitrine résonne très fort des battements de ce cœur qui ne bat que pour un nom, une terre, il respire avec difficulté la poitrine scindée d’explosif, un mélange de glycérines et de bille d’acier. Il est au bord du vide, il entend son sang qui comprime ses tempes, il prononce le mot clé « Allah Akbar » avant de se jeter sur la foule …
L’explosion est ténue presque étouffée, son corps frêle a absorbé la violence du choc avant de restituer sa force et de tout disloquer, ses poumons dans un dernier souffle ont craché ce sang rouge, il s’est répandu horizontal à la vitesse de la lumière éclaboussant la foule de sa haine éternelle … Un vol de colombes a traversé le ciel bleu.
Après une seconde de silence une plainte s’éleva de la foule à genoux, collective et tenue … Puis des hurlements, des regards implorants, des larmes de sang.
Des hommes se relevèrent hagards et hiératiques, statues momifiées de douleur et de haine … Et cette odeur de chairs brûlées qui emplie tout sur la place sacrée.
Puis il y eu la première rafale d’arme automatique et l’enfant mort au pied des oliviers caché à l’ombre de son père dans le creux du muret, un filet de sang bleu au coin des lèvres …
Ce sang, cette terre, cette poussière serait-ce là le sens de la douleur du monde ?

EXCES DE VITESSE lettre au prefet de la republique

Monsieur le Préfet .

En bon républicain, je sais pertinemment qu’il y a une limite à toutes choses, mais.... Recu ce jour, votre contravention du 16 juin 2008 pour un excès de vitesse de 96 km/h au lieu de 90, ramené pour aléas techniques à 91… soit 45 € pour une dépassement de 1 km/h si paiement sous 15 jours, 68 € si paiement > à 15 jours et 180 € si paiement > à 45 jours… voir plus… Je veux bien admettre que mon identité, mon statut social et mon immatriculation très au sud de la Loire méritent peu de considération, alors permettez moi de vous ecrire que cette contravention pour dépassement de 1 km/h est scandaleuse, méprisante, et n’incarne en rien l’idée que je me fais de l’Etat. Je veux bien admettre que nos gestionnaires et gardien de l’autorité publique sous le joug de tribuns politiques sont , grace a des machines automatique performantes , devenu bien malgré eux des acteurs  sans discernement et autoritaires de l’état !.. mais que cela puissent amener, à ce déni d’individualité, a verbaliser un citoyen pour un dépassement de 1 km/h sur nos routes encombrées …. me laisse un gout amer, j’effleure l’envie soudaine de joindre a mon courrier ma carte d’electeur en confettis serrés. Je ne peux me résigner à vous payer cet octroi que sous la contrainte...  J’ai un plus de 50 ans, un peu d’embonpoint comme ma voiture d’ailleur (à quand un impôt sur les véhicules de + 2T ?), j’ai 3 enfants, suis marié, etc…, je vis et roule en bon père de famille suivant la formule consacrée…Ne suis a priori nullement un delinquant du volant et d'ailleurs . Certes ma vue baisse, ce qui n’est pas à mon avantage… surtout pour regarder sans cesse l’aiguille de mon compteur de vitesse , J’exerce mon metier en profession libérale et roule, j'en suis bien désolé pour la couche d’ozone, plus de 25 000 km par an… je serai donc forcément récidiviste et soumets  à votre réflexion les arguties suivantes :
• La multiplication des signes n’est-elle pas accidentogène, y compris la signalisation routière ?
• La pollution visuelle le long de la route n’est-il pas un facteur d’inattention ?
• A quand des récepteurs infra-rouges dans nos voitures qui en commanderaient automatiquement la vitesse ?
• A quand sur l’aire toulonnaise des transports en commun digne de ce nom ? en gestation depuis 20 ans et pour lesquels l'Etat a été bien plus généreux qu'ailleurs ?
• Cette répression a tout pris dite « tolérance 0 » n’entraine-t-elle pas une recrudescence des conducteurs sans permis ? donc sans assurance... ce sont bien souvent nos artisans pour qui, rouler vers leurs clients est leur seule survie.
• Le nombre de morts ou blessés sur la route n’est-il pas stable depuis l’origine de la voiture ? toute proportion gardée !  Ne serai-ce pas le nombre de voitures qui serait en cause ? proclamer donc une loi, comme pour la natalité en Chine, exigeant un seul vehicule par foyer fiscal !
• ce systeme d’imposition deguisé ne devrait il pas etre remplacé par une vignette ? cela aurait au moins l ‘avantage d’etre republicain mais aussi de permettre des economies structurelles tres importantes ... moins de radar et de "gens en armes automates" derrieres, mais des gendarmes enclins au dialogue au discernement et a la pédagogie, formés a evacuer stress et tensions . Mais la vignette cela me rappel Giscard et ma premiére  4L !
• Adopter le concept "slow-food" et par conséquent supprimer toute ligne droite, ce qui devrait permettre de ralentir le trafic…
• L’automobiliste source de revenus sans fin, pigeon convenu, toujours en faute et résigné à payer ne devrait il pas en fin de carriere recevoir une médaille genre « contributeur au trésor de la republique »
• Supprimer biéres vins et autres alcools de toutes stations-services veritable invitation a une forme trés violente de délinquance routiére. Être moins hypocrite en sorte !
• Supprimer les autos, internet, le téléphone portable, les autoroutes, les gares routiéres  ….et remettre en fonction les "relais de poste" mais aussi  favoriser le retour de l’âne et autre mulets sur le sol Français ?
mais assez de verbiage revenons  brutalement a mon pv ... allez vous serieusement me taxer de 45€ et me supprimer quelques points ?… une réponse de votre haute autoritée avant le 1er juillet me serait agréable .
dans l’attente de vous lire 
acceptez monsieur le Préfet, contre un exces de vitesse, un exces de zele d’un pigeon voyageur en réelle colére .

figure libre 6

Devant il y a le trait de la double route droite, long ruban noir taché de blanc. Au bout de la route a l’entrée ouest de la citée, flotte suspendue à 30 m au-dessus du port , l’autoroute urbaine qui déverse son flot incessant de bolides a l’aérodynamisme parfait, moteurs assoiffés d’essence et de carbone. Dans l’entrelac sinueux des voies rapides se dresse soudain un trait de lumière entre un monde finissant et avenir incertain. Il se voyait habité d’une élévation divine, accomplissement céleste d’un ego démesuré . Afficher sa puissance, mais n’être tout compte fait qu’un pauvre signe ostentatoire d’une société arrogante. Mais cette trace céleste est faite par des hommes qui œuvre au bord du vide empilant savoir faire, courage, ténacité et technique . Ces hommes-là sentent le musc, la sueur, la force et la fierté des hommes généreux qui donnent sans compter. Ceux-là seuls comptent à mes yeux. Et puis il y  a la matrice est en acier, machine complexe faite de vérins de pistons et crémaillères, un béton fluide s’y répand avec un plaisir non dissimulé, il a un aspect presque plastique unique de ces mélange moderne dits autoplacants. Le moule est ovoïde parfois fusionnel ou élancé toujours courbe…. Cette courbe qui se tend vers le ciel mue par de forces invisibles. Au 24e étage cette courbe m’attire, attise tous mes sens, j’halète silencieux devant tant de beauté. Je tends ma main, ma paume ouverte et enfin … Je caresse ce béton généreux. Il est doux soyeux chaud, je sens ses muscles tendus sous son duvet poudreux. J’en ressens la tension et l’effort contenus . il n’est plus béton froid mais chaleur sensuel d’une femme maternelle.

figure libre 5

Son voisin, un gros gras grisonnant mâchouille un chewing-gum chlorophylle, il le saisi entre pouce et le reste l’étire en de long filament, vert delavé, baveux …

figure libre 4

Un train silencieux fait grincer ses freins au bord du quai, il grimpe dans le long tube d’acier, jette un dernier regard à l’homme emmitouflé de polymère bariolé. Chercher sa place si possible côté fenêtre, il aime être assis dans le sens de la marche coté droit. Son wagon sent une drôle d’odeur de goudron et de sueur mêlées. Vaste espace dynamique où tout concours a la vitesse, lignes épurées graphisme horizontal répétition des signes couleurs assortie au ciel gris ! Il est aspiré par le vide, le tube se déforme, se déplace à la vitesse de la lumière, collé à son siège, derrière le verre épais du hublot étanche, des gouttent d’une pluie grasse glissent à l’horizontal, ses yeux se posent sur la voie parallèle, trait d’acier finement poli par le frottement des boggies. Il est ce trait parfaitement rectiligne entre deux points qui s’étire, la vitesse comme raccourcie entre deux temps parallèle, ubiquiste il est de tous ces lieux. Ce temps a sa musique, binaire répétitive et étouffée, cris feutrée dans le vide. Le train un instant est suspendu au vide il passe sur un pont, structure en béton fluide, arcs tendus entre deux rives, deux mondes. Le fleuve est large vif bouillonnant, il rappelle à l’homme la force de la nature, un instant le maître du temps sur son trait sidéral croise l’immuable de l’élément liquide, matrice de toutes vies. Un point une intersection sur une carte, des coordonnés dans l'espace. Son regard croise des yeux noirs. Elle ressemblait à Audrey Hepburn  , un visage doux, des yeux en amandes, une bouche étirée, une bouche pour sourire et rire a la vie, des pommettes saillantes, ses cheveux longs bouclés soyeux et souple encadrait un visage de madone italienne énigmatique et rare. Sa robe de coton gris large, haut plissé, laissait deviner des seins lourds majestueux et des hanches de reine, des jambes élancées gainées de cuir sur des bottines d’homme, elle a moins de vingt ans libre et légère … Elle est descendue a Avignon, je l’ai longtemps suivi des yeux, au bout du quai, elle a disparu avalée par l’escalier mécanique.

figure libre 3

Il pleut des cordes les caniveaux débordent, de rares voitures éclairent d’une lueur acide l’asphalte gris.
Emmitouflé dans son trench, il a quitté la rue traversé la grand place est entré dans la gare, son grand parapluie noir au manche d’ivoire fermé. Il s’assied sur ce banc ancré solidement au béton, banc d’acier et fonte mêlé. La haut très haut la verrière assemblage de métal de verre et de poussière. Plus bas les luminaires vasque évasées à la finition émaillées suspendu a un fil, l’éclairage est violent technique scyalitique de bloc opératoire. Le teint blafard et les ombres écrasées. Les luminaires se balancent au gré des courants d'air. un chuintement continu celui des ampoules électrise l'air il se perd dans l'espace vide .
À ses pieds imperceptiblement l’eau accumulée se repends, comme une épaisse coulée d’argent. Son trench son pantalon ses chaussures richelieu à bout fleuri tout cela suinte l’orage tropical. À sa gauche le guichet dans l’axe, l’accès au train. Un groupe de femme dans un silence religieux glisse vers les quais. Sur l’autre banc a sa droite dans la diagonale du guichet un homme hirsute à la barbe naissante emmitouflé de sacs plastiques somnole les yeux ouverts, le chien aussi me regarde. Regard en biais, surtout ne pas bouger et ignorer l'evidence pense l'homme. le grincement d’une porte mal huilée efface un instant ce triangle parfait. À l’horloge du guichet, il est vingt heure vingt, ce soir encore il se passera du bruit du monde . Il bouge une main se penche en avant promptement se lève et cours vers son destin.

figure libre 2

La mer gronde et crache son écume blanche sur cette plage immense l'homme est inquiet.
L’air est moite et son ciré jaune transpire dans ce matin brumeux
Il va, il vient ... repasse sur les traces de cette femme qui marchait à reculons
le talon fut léger et se perd sur le sable sec. La brise qui souffle en rafale à effacé la trace.
il est là, a l'intersection exact de cette hyperbole complexe. Mélancolie latente.
Un pécheur au loin à jeté sa ligne. Longue canne blanche dressait comme une sagaie dans ce matin épais.
L’air est lourd, un chien étouffe une plainte.
Le ciel gris la mer blanche l'homme en jaune s’éloigne enfin.
Le chien apparaît, fier carnassier la truffe noire les sens aux aguets
Il trottine à la limite humide de la marée montante.
L’homme en jaune s’arrête
Le chien s’arrête.
Le pécheur tend sa canne.
Le bruit du moteur est distinct
ronronnement familier d’un moteur bien huilé puis plus rien … Une portière claque !
Un éclair de soleil glisse sous les nuages
L’homme en jaune court sur la dune
Le fil se tend la canne se courbe
Le chien grogne poils hérissé applati sur le sol
Un eclair d’argent glisse sur le sable
deux portiéres claquent le bruit du moteur s’éloigne sous un soleil laiteux

figure libre 01

Sur le bord de la plage, la mer s’est retirée, doucement laissant des filets étincelants sous la lune,
sillons éphémères gorgés d’iode, tentacules esseulés sans vie … De son rocher humide, il s’est enfin levé
a marché jusqu’au phare laissant dans le sable la trace de ses pas lourds.
Il a longtemps suivi la grève entre bruyères et dunes . A l’autre bout très loin une ombre éclairée subrepticement par l’éclat intermittent du phare, entre cette ombre et lui une femme immobile scrutant l’horizon.
L’ombre se rapproche, lui s'éloignant de la femme oblique à travers dune, la femme bouge allonge son bras en direction de l’ombre, recule étouffe un cri qui se perd dans la brume …
L’alignement parfait se défait, la figure se déforme. Un triangle acère apparaît.
l’homme s’arrête au pied phare tapote sa poche en sort un paquet souple en éructe une clop à bout filtre
doucement son bras se tend vers sa bouche, le filtre effleure ses lèvres doucement, roule d’une commissure à l’autre,
il craque une allumette le souffre s’enflamme éclaire un visage au teint clair un visage doux lisse calme serein .
éclat dans la nuit .
l’ombre s’éloigne le triangle se referme le trait s’étire se tend vers l’horizon qui s’éveil.

de l'eau sous la coque

Je rêve éveillé sous mes draps fatigués
Ma couette bleu azur devient mer d’Iroise
Cap au sud dans le tonnerre qui gronde
La proue du navire s’enfonce dans les vagues
Je me sens océane liquide répandu à tes pieds
J ai longé l’Espagne…Plus loin émergeant de la brume
Les toits blancs longtemps espérés de Tanger.
À la barre de mon cotre qui craque sous le vent
Je me sens siroco souffle chaud effleurant tes cheveux
J ai hissé la grand voile , lancé foc et génois .

Je suis ton capitaine hirsute et fou d amour
Je t aime d’amour je t aime toujours

Le vent a forci les voiles trop tendus , j ai pris deux ris .
Les vagues sont blanches et se brise sur la proue
La houle par travers , le plat-bord sous l eau
L’écume salée me brûle les yeux .
Regarder plus loin vers les cieux
Mais où est donc la terre … Le port promis El Jadida !
La belle citadelle le bruissement des femmes
Voiles, rires sensuel et autres falbalas
Et toi mon île ou est tu ?
J attends ton signal un éclat dans la nuit
Un palmier comme amer une plage dorée
Un minaret dressé
Un signe de la tête.
Et toi où en est tu … mains fatiguées
Par le chanvre épais d’avoir tant bordées
Le dos courbé par le poids des années
Les yeux bleus délavés
Toujours prêt à rêver

Je suis ton flibustier commandant au long cours
Je t'aime d amour je t aime toujours

Il me manquera la mer les vagues sur la plage
Le ressac sans cesse... le crissement des mouettes
Le plaisir d’être à quai … de lâcher les amarres
Les poissons hors de l eau... la magie de l’étale
Ces crabes à mes pieds et de l’eau sous la cale
Et le vent, le vent qui cré tous mouvements
Le vent qui coure sur ta peau sur ton ventre dénudé
Et ce soleil qui brûle… déjouant tous les sens
Tu me prends dans tes mains… il est bientôt midi
Tu grignotes mon frein me laboure les reins
Le soleil se couche et j’étouffe tes cris
Je tangue sous toi et je m’apaise enfin
Je bois toutes les eaux salées , avale les océans
Liquide amiotique , il me pousse des branchies
Des écailles …je suis un poisson gras
Je nage dans l’écume et retourne chez moi .

Je suis ton amant celui du point du jour
Je t'aime d amour je t aime toujours

sans sel ....

Le sel de la mer, mes larmes salées
Le sel conserve, brûle creuse les plaies
La mer se retire, l’eau s’évapore
Depuis la nuit des temps le sel donne la vie
De petits cristaux s’assemblent
L’eau sombre s’irise d’un blanc pur.
il me manque si fort ce matin
le sable de Porquerolles
le crie des mouettes
l'anse de Notre Dame
le clapotis contre la coque
la mer me manque
le sel et l'eau ...
et ce goût dans la bouche ...
il y a longtemps
si longtemps.

Rotagila

Aligato alligator
Tu te frayes un passage dans les herbes hautes
Furtif chuintement léger glissement d’écailles bien huilées
Ta gueule aux dents jaunes ton haleine fétide et ton œil étiré
Fais taire le long lagon jusqu’en son tréfonds … À la verte canopée
L’hippopotame somnole à fleur d’eau
Sa masse sombre bien calée dans le marais

L’ibis au blanc ramage
En circonvolution serrées
Irrite mes oreilles sans cesse aux aguets.

Aligato alligator
Je suis sur le chemin du retour dans ma Rolls déglinguée
Faible carnassier assis la fesse au frais
La ronce de noyer pour seul horizon
Au travers du pare-brise et de la poussière grasse
J’aperçois le pont de bois au ras du Roy des fleuves
J’entends le bouillonnement par-dessus le parapet

L’ibis au blanc ramage
En revolution plumées
Attise ses congenaires a me mitrailler.

Aligato alligator
l’éléphant à jeter sa trompe
Brisé la chaîne
Un seul cris a jailli de mes lèvres serrées
Le rondin s’est affaissé sous l’essieu mal serré
l’aile rebondie à briser la barrière
Merde … Je me suis retrouvé le cul mouillé

L’ibis au blanc ramage
Elus roy de passage
Arrange ses foules aux desordres sauvage.

Aligato alligator
En pâture en cadeau , au prince de ces eaux..
Mortelune fait moi Rat !… Trop tard pour crier
Il a ouvert sa gueule, brisé d’un seul jet
tibia et péroné, aspiré tout mon sang
Ma vider d’un seul trait
Avant de m'avaler au fond du fleuve Sacré

L’ibis au blanc ramage
Planneur abandonné
A perdu sa gouaille a tout jamais .

Alligator aligato
Je ne vendrai plus de peau
Adieu sacs et pompes en croco
Adieu vanité et autres pérorées
Le silence a parfumé l’oublie
Et l’eau coule sans bruit
Je suis enfin emplie
Je revis

NY ou JE TE RETROUVERAI A L'ANGLE DE LA 5eme AVENUE

À l'angle de la 5eme Avenue
sa petite robe noir collée au corps
3 heures du matin et personne dehors.
Rien que le froid et la lumiere des néons blafards
Sur l’asphalte brutal
Rien que des néons blancs pour des objets sans vie
Rien que ses yeux verts son sourire d’ange ses collants fatigués
Ses jambes étirées sur un corps disloqué
Son sexe déchirée sur un pubis rasé
Il y a très longtemps elle avait dû être un enfant
Ses yeux demandaient de l’amour tendresse et douceur
Elle avait pardonné, il y a bien longtemps
Elle gisait là … maintenant transi de froid
La vie venait de la quitter
Son cœur a l’arrêt
Son sein gauche transpercé
Par une pointe d’acier

À l’angle de la 5eme. Avenue je te retrouverai
Je l’avais toujours dit … toujours rêver
Je te voyais brillante gaie vive et tendre
Ton regard baigné de lumière
Par ce doux soleil de septembre
Tes longs cheveux bruns bouclés sur des épaules fines
Un cou de reine …Exclamation sur des rondeurs divines
Que ton blanc chemisier avait du mal à dompter
Et ces fesses callipyges sur des hanches assassines
Gainée de soie sombre ses jambes félines
Avançant a grand pas sur des talons aiguilles
Un rien de nonchalance
J ai envie de t’embrasser
de te prendre dans mes bras
De glisser des mots doux
À tes lèvres assoiffées

À l'angle de la 5eme. Avenue je l’avais perdu
Sentiment coupable d’une cupidité avérée
Vanité des extrêmes …rupture névrotique
Mansuétude et compassion de l'âme
J'ai honte et implore la vengeance des anges
J'ai malmené la vie et l'amour aussi
Fermé les yeux pour naviguer de nuit
Posséder ses pensées J’ai voulue l’attraper
J ai pointé mon arme pour tout effacer
Et le coup est parti dans un chuintement étouffé
Personne n’a bougé ne s’est retourné
Il n’y avait plus de vent plus de bruit
Plus de rires d’enfants
Et de hurlement strident
Que la clameur de cette foule ivre
Le bruit du monde occupé a survivre
Juste le battement de la vie qui s'enfuie

À l'angle de la 5eme.Avenue j ai hurlé comme un loup
Trépignant dans la neige assoiffé de rancœur
Les poings serrés à faire blanchir mes mains
La mâchoire contractée à faire péter l’émail
La tête dans un étau et les tempes palpitantes
J’avais les pieds gelés d’avoir fait les cent pas
Trop a l’étroit dans les pompes à papa
Douze ans déjà et toujours rien à voir
Pas un signe traces ou indices
Rien à espérer rien de visible a l’horizon
Rien que la suave mélodie des mots
Meli melot saveurs acidulées
Poivre et sel mélangés
Cannelle et sucre glace… les mots te manquent.
De ta bouche sèche... ce jour et pas un autre !
Jaillit le cri primaire
Celui qui balaye tout et déclare la guerre

À l’angle de la 5eme. Avenue j'ai lancé la bataille
Harnaché mon cheval mon plus fidèle coursier
Carapace bouclier sabre au clair et grenaille
Je suis le feu brûlant, le rouge meurtrier
Le vent violent, l’ouragan, le typhon en colère
Je souffle comme un bœuf je suis en fureur,
Je cours vers la folie sans aucune peur
Il me reste de toi qu’une très vague odeur
Éther évaporé dans la brume le souffre et l’acide
N’aurai-je plus de sang dans mes artères glacées...!
Je me suis empalé sur une pointe d’acier
Le cœur transpercé un poumon éclaté
Dans ma bouche assoiffée le scarabée doré
Celui des pharaons et des rites sacrés
Je crève de ne t’avoir jamais pris dans mes bras
Embrasser tes lèvres caresser tes seins
presser tes hanches …
je sombre dans la fin …

À l’angle de la 5eme. Avenue j'ai perdu la mémoire
j'ai perdu a jamais le pouvoir de te voir ...